COYOTE PIZZA
Voici ce qui se cache derrière ces deux mots :
Coyote : Une envie paradoxale de recentrer nos actions vers, la périphérie.
Pizza : Une envie d’interroger, dans le flou de l’action, les fonctions sociales de l’art et les conditions de sa diffusion, notamment dans ses rapports au spectaculaire, à l’événementiel ou au divertissement.
Coyote : Un besoin d’entretenir le quiproquo, le caractère absolument équivoque voire indéterminé du projet, des intentions qui le motivent et des actes qui en découleront.
Pizza : Une envie un peu symptomatique, de légèreté et d’utopie.

Concealed behind these two words:
Coyote: an incongruent desire to focus our work at the edge.
Pizza: a desire to question, in undetermined form, art’s social role and manner of diffusionin relationship to the spectacular, events and entertainment.
Coyote: the need to incite experimentation and an absolute necessity to encourage trials and ventures, to investigate the motivations and the actions that follow.
Pizza: symptoms of liberty and utopia.

Le principe du projet Coyote Pizza, est de confronter des lieux et événements où s’organisent la consommation de masse, le tourisme culturel, le loisir organisé, (ce qui roule, ronronne et roucoule. ce qui « combien »), et des interventions artistiques que l’on qualifiera de performatives : Des actions, plus génératrices d’attitudes que productrices d’objet, réduites dans un souci d’efficacité à leur plus simple expression et susceptibles de brouiller les limites entre protagonistes, passants et spectateurs (qui regarde, à quel moment ?), entre réalité et fiction, entre (osons) art et vie:Au minimum donc le corps, le temps et l’espace (3 éléments intrinsèques à la performance), au maximum, pas grand-chose de plus.
L’action est prise avant tout comme l’affirmation d’une capacité à agir, aussi infime ou décalée soit elle, comme porteuse d’une charge de révolte, de nuisance et de rupture.Pratiquement il s’agit de s’inviter aux seins de manifestations (en marge ou au cœur) déjà existantes qui se dérouleront au cours de l’année: un lieu, un moment particulier, un public (très varié et probablement le plus souvent non acquis), et proposer des interventions souples et ouvertes, potentiellement critiques; un saupoudrage diffus d’actions bouleversantes, dans un but d’exploration voire de transgression.
Ces micro-événements (dans l’événement) joueront sur les rapports de force qui s’exercent entre le sentiment de relative liberté qui caractérise l’espace public et les moyens de régulation et de contrôle qui le régissent. Ils opéreront dans une oscillation entre le privé, l’intime et le public, l’ordre et le chaos; entre ce qui apparaît et ce qui existe, entre le canon et le monstre. Un camouflage spectaculaire, un message fort et confus, un canular intimiste, etc.
Chaque intervention sera une occasion de stimuler les liens entre l’individu et son environnement, un « surgissement de l’événementiel et de l’aléatoire dans un champ d’opérations programmées »(1) :Festivals, salons, commémorations, fêtes, inaugurations, congrès, compétitions sportives, manifestations, séminaires, foires, compétitions sportives, inaugurations, salons, séminaires, manifestations, commémorations, fêtes, festivals, congrès, foires …

The principle of Coyote Pizza is to confront locations and events of mass consumerism, cultural tourism and organized distractions to artistic happenings and performance. Actions that encourage attitude rather than a final production, condensed into simple expression giving possibility of erasing boundaries between protagonists, passer bys and an audience,(Who is watching, when), between fiction and reality, and between (be brave!) art and life.At the minimum of body, of time and of space (3 elements at the core of performance) at the maximum not much more.
Action is above all to affirm a capacity to react; however slight or out of touch with reality, carrying a charge of revolt, of annoyance and of rupture.The proposal is to (self) invite ourselves throughout the year to already existing events, (on the outskirts or at the centre), a specific place, time and public and to propose supple, potentially criticised actions. A diffused scattering of un-nerving actions, with a goal to explore and perhaps towards disobedience.
These micro-events address the notions of struggling between feelings of freedom in public space and the ways that this freedom is controlled and regulated. Oscillating between privacy, intimacy and public, order and chaos, amidst what appears to exist and what really does, between the beautiful and the monstrous.A spectacular camouflage, a powerful and mystical message, an intimate hoax etc.
Each event will be a means to stimulate links between the individual and the environment.Their actions therefore correspond to "the emergence of the event and of chance within a field of programmed operations". (1) Festivals, fairs, seminars, commemorations, sports events, openings

« Ce livre est né par fragments (…). Quand j’écris je travaille par séries : j’ai plusieurs chemises où je glisse les pages qu’il m’arrive d’écrire, selon les idées qui me passent par la tête, ou même de simples notes pour des choses que je voudrais écrire (…). Quand une chemise commence à se remplir, je me mets à penser au livre que je peux en tirer. »(2)
Il y a des films de genre, l’objet final(?) de ce projet est un « genre de film » dont on ne connaît à peu près pas la nature mais encore moins la forme.Loin du simple constat, ce film réunit les différents acteurs (artistes et public) pour donner une vision globale du projet. En fonction des propositions des artistes et de leurs souhaits, nous utiliserons comme matière première l’ensemble des documents récoltés: objets, captations photographiques, sonores ou vidéos, toutes formes de traces témoignant du déroulement de l‘action. Un film qui se nourrit d’un processus aux implications multiples, des espaces qui cohabitent et se parasitent, et où différents « artistes- acteurs » se rencontrent par le biais du médium vidéo.
Ce « corollaire cinématographique », fruit de ces expérimentations plastiques, répond a priori aux contraintes suivantes :- Chaque intervention constitue assez classiquement, un chapitre, un épisode, un tableau, une scène couverte simultanément sous plusieurs points de vue.- L'histoire, les chapitres se créent dans le passage d’un contexte à l’autre, d’une action à l’autre, d’un récit à l'autre, d’un film à l’autre.- Le scénario est écrit après le tournage, sur la base des images accumulées pendant l’année (ce n’est pas le scénario qui est monté, mais le matériau qui provient du tournage).- Le travail d’écriture se superpose dans le temps avec celui du montage, et se taille une intrigue, un itinéraire, à coup de fausses pistes et de coïncidences. Les possibilités de montage sont quasi infinies- L’écriture comme le montage jouent avec les codes du récit, font et défont, manipulent les images, brouillent les pistes.
Ce film est avant tout un travail plastique né de la rencontre de plusieurs contextes, de plusieurs actions, de plusieurs types d'images et autour desquelles viennent se cristalliser des mots, des récits écrits à la première personne, et au final une voix unique.
Il s’agira enfin de trouver une forme et un/des modes de diffusion en cohérence avec l’objet ainsi qu’avec toutes ces attitudes, ces postures, que les artistes auront provoquées et qui n’ont à priori aucun point commun entre elles.« La réalité serait-elle, dans son essence, obsessionnelle ? Etant donné que nous construisons nos mondes en associant des phénomènes, je ne serais pas surpris qu’au tout début des temps il y ait eu une association gratuite et répétée fixant une direction dans le chaos et instaurant un ordre. »(3)


“This book is born from many fragments (…). When I write, I write through series: I have many folders in which I slide pages of writing that I have written, depending on ideas that go through my mind, or even notes on what I would like to write. When the folders are full, I start to think of the book I can compose. (2)
There are genre films, this goal of this project is to make a « type of film », we don’t know yet what type and even less the form the film will take.
Far from a simple recording of events the film will bring together different actors (artists and the public) to give a global vision of the project. Depending on the artists’ proposals and wishes, in the first instance we will select a collection of documents, objects, captions, images, sound and video and all other mediums that witness the action. A film that is nourished from the multi-facet of locations, that co-habit and where different artists-actors meet through the means of video.

This creation of the film covers simultaneously the following regulations:
- Each action will have a chapter, an episode, a tableau, and the same scene simultaneously covered by a number of cameras.
- The scenario and the chapters are to be imagined from one landscape to another, an action to another, a story to another, and one film to another.
- The scenarios are to be written after filming, following the documentation collected throughout the year. (This will not be an editing of the scenario, but an editing of the documentation.)
- The writing and the editing are superimposed over time, becoming intriguing, an itinerary and a collection of coincidences; the possibilities of editing are infinite.
- The writing as well as the editing plays with codes of the plot, made and un-made, manipulating the images and covering the tracks.
The film above all is a work issued from meetings in different contexts, actions, different types of image from which crystallise words, scenarios written in the first person, and ending in one narrated voice.
It will involve finding different means of diffusion in coherence with the film, with the artist’s decisions and with the range of postures provoked by the artists.




1. Julie Pellegrin, art press2 n°7, Performances contemporaines, p. 69, 2008.
2. Italo Calvino, Les villes invisibles, Préface de l’auteur, p.1, Editions du Seuil, 1974.
3. Witold Gombrowicz, Cosmos, Quelques extraits de mon journal au sujet de « Cosmos », p. 9, éd. Denoël, 1966.





Ce projet a reçu le soutien de la DRAC des Pays de la Loire, de la Région des Pays de la Loire, du Conseil Général de Loire-Atlantique, de la Ville de Nantes.
Avec la participation de l'Imprimerie Chiffoleau, la Société Ouest Utilitaires, la Société des Courses de Nantes. the Refugee Council UK, Refugee Youth Project, St Pancras Refugee Centre, (DOST) The Trinity Centre, la Société Standing, l'Association Nantaise des Amateurs d'Oiseaux, La Protection Civile, Le Groupe L’Etudiant, l’Hôtel Richebourg.
On a tous caché une grammaire dada, une grand-mère peu aimable cédant à la pression indiscrète des plages, une grand-mère aux humeurs passagères, on a tous, cachée en nous, blottie mais vivante, notre grande mère dada.

Les femmes ou les hommes incarnés : chacun invente sa décision d’entrer en relation, j’ai pas dit « religion » !

Une communication qui ne transporte pas sa dose de dénonciation est une traînée qui passe pour une sainte. C’est en effet dans l’émeute que je m’identifie.

S’il y a quelque chose de commun entre elles, entre eux, c’est cette disponibilité qui les fait singuliers malgré les magnifiques habits de caméléon dont ils s’affublent. Ainsi se faufilent-ils, aidés par de souples complices, on les voit sans les identifier, ils prennent leur temps, comme s’ils s’apprêtaient à rédiger une épopée, le mot est fort, c’est sans doute tout le contraire qui se déroule, on les découvre surgis à la dérobée ou sans masque, ils endossent de dangereuses incapacités, ils se distribuent des rôles en se dédoublant parfois, ils passent illico presto sur les frontières.

Les complices : ils ne se multiplient pas, Ils n’ont rien à perdre. Chaque fois ils se sont attendus à ce qu’on les vire, chaque fois, on les a regardés comme des intrus, mais aussi des témoins, ils ont occupé le terrain, sans bruit, ils nous ont dévisagés ou ils ont continué leur chemin, accrochant une utopie à leur pas.


Pierre Giquel, Coyote Pizza 2008.
La performance accélère le temps. Il n’y est pas question de travail ou de rendement. Il s’agit de se rêver de bonne heure.

Bartleby ou l’orientation d’une vie. Imaginons que les projets d’avenir soient des gares dont nous serons bientôt les passagers. Spectateurs distraits du train arrêté des événements, nous nous baladons à l’envie. Le ou ne pas caché dans la poche devient la balise secrète de nos trajectoires. Nos motivations sont le verbe griffonné, la page blanche notre carte de visite.

La pizza est un concept ornemental changeant. Les éléments qui la composent sont de natures différentes et de sources particulières. Sa forme n’en est que plus inédite, elle bouscule les paysages.


Frédéric Emprou, Coyote Pizza 2008.
Comme une force, l’ombre de glace s’épanouit en fondant, les chevaux ne s’affolent pas, il n’y a pas de départ, ni d’arrivée, il n’y a plus de record, un samouraï traverse le temps.

Dans les agitations cardiaques, reste un avenir. Je pose un doigt comme on pose une bouche, à la dérobée on sauve des vies.


Pierre Giquel, Coyote Pizza 2008.
Le pardon des oiseaux, c’est un peu le western du Nouveau-Mexique adapté au salon de l’ameublement. Moi aussi, je veux adhérer au club national des oiseaux exotiques.

Acrobate, jongleur, samouraï du déplacement, tu n’as que faire des obstacles. Renard du désert, tu tiens en équilibre ton identité et ton territoire dans un transit constant. De peur que ta mélancolie ne fonde comme neige au soleil, entre deux dépressions climatiques, tu souffles sur la glace.


Frédéric Emprou, Coyote Pizza 2008.
« Brûler » ou ne pas « brûler ». Le train de l’étudiant s’est arrêté. Il y a une efficacité paradoxale à voir chacune et chacun inscrire un mot deux fois et le voir s’effacer promptement.

Deux oiseaux mutants et sifflants devisent parmi des congénères en cage puis dans les salons. Je devine une fable philosophique battue par des ailes pasoliniennes.

Clandestinité, clandestinité chérie… Il y a toujours une surprise à retrouver une mélodie, comme s’il s’agissait d’une résurrection. Flottant comme un voile, exténuée comme un viol.


Pierre Giquel, Coyote Pizza 2008.
C’est la danse du chignon magique, la salsa magnétique. L’artifice déride les poses, l’ironie est capillaire.

Au jeu des géographies inversées, l’humour reste le seul cartographe fiable. L’hybridité est un art d’accommoder les débuts et de se jouer du reste.

L’image est la rose qui fleurit dans les déserts. La quinte flush dans la partie de poker. Sa recherche est pérégrination mentale. Des rushs et des heures.

La coyote pizza est fringante et savoureuse. Fondante et généreuse, elle se déguste par les bords, elle fait rire les apaches.


Frédéric Emprou, Coyote Pizza 2008.
Points de vue, échange de mondes.

La techno transe est la dernière chose à la mode. Cravate noire, veste de rigueur et verre de champagne à la main, les échanges commerciaux se passent sous fond d’une délicieuse récession musicale. La rumeur des clandestins était là avant tout le monde.

Quel est l’ultime décor de la toile de fond ? Nous sommes dans le spectacle bien sur. Mais il convient de pratiquer le désir par l’infiltration. A cet effet, nous précisons nos balistiques et changeons de focale.

On aurait tort de faire du prosélytisme à tout crin, ici, on sifflote les hymnes comme on chante des variétés en langue étrangère.


Frédéric Emprou, Coyote Pizza 2008.
Elle a marché, marché, dépouillée, sanglante, son humour battant froid les allées roses et feutrées, dégoulinant de sueurs terribles, infanticide. Criblée.

L’espionnage, c’est l’excellence.

Mobiles sur les côtés du monde. Mobiles et multiples. Je les devine experts en furtivité.


Pierre Giquel, Coyote Pizza 2008.
De tout temps, le coyote est le témoin visionnaire qui cherche des bouteilles d’eau minérale.

L’oasis appartient à un montage plastique à plusieurs personnes.

Les oiseaux migrateurs n’attendent pas le fil de saisons. Les voix du sud sont multiples et aériennes.

Il y a des salons dans tous les pays du globe. Qui a dit que le local était spécifique ?


Frédéric Emprou, Coyote Pizza 2008.